Les incertitudes sur la gouvernance et le nom du futur patron du groupe ferroviaire nourrissent l'attentisme en interne. Le gouvernement devrait faire connaître son choix en juin ou en septembre.
Qui succédera à Guillaume Pepy à la tête de la SNCF ? La question se pose avec d'autant plus d'acuité que l'échéance se rapproche (son mandat s'achève au 31 décembre), et elle finit par générer un certain attentisme dans le groupe public, au grand dam de l'intéressé.
Dernier exemple en date : la succession de Patrick Ropert, le patron de Gares & Connexions, qui a annoncé il y a quinze jours qu'il quittait le groupe. Faute de visibilité sur la future gouvernance, le poste devrait être pourvu provisoirement, en attendant une décision définitive début 2020.
Certes, le nom du futur patron n'est pas le seul paramètre manquant. Plusieurs décisions importantes du gouvernement se font attendre . La publication de l'ordonnance fixant la gouvernance du groupe, par exemple, est désormais attendue « d'ici à fin juin », indique l'exécutif. Pilotage du holding de tête par un PDG ou un binôme composé d'un président non exécutif et d'un directeur général, répartition des rôles avec les sociétés filiales... En attendant d'avoir des certitudes, certains cadres jouent la montre sur les chantiers qui viennent menacer leur pré carré. Et Guillaume Pepy, même s'il continue de s'impliquer avec sa fougue habituelle dans les dossiers, connaît comme tout patron sur le départ une difficulté grandissante à secouer les inerties.
Deux fenêtres de tir
« Il a peut-être dit trop tôt [l'an dernier, NDLR] qu'il ne solliciterait pas de nouveau mandat », avance un vétéran de la maison. « Ce serait pire s'il n'avait pas mis les choses au clair sur sa situation personnelle », rétorque un autre. Selon un élu de la majorité, le gouvernement envisage deux fenêtres de tir pour se décider : fin juin-début juillet, ou bien septembre.
L'exécutif souhaite une solution externe
Aucun d'entre eux n'a été dissuadé par la volonté affichée depuis plusieurs mois par l'exécutif de privilégier une solution externe. « Cela a plutôt bien marché avec Catherine Guillouard à la RATP ou Ben Smith à Air France-KLM », faisait valoir fin 2018 l'entourage de la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Mais l'ambition annoncée d'attirer une pointure de l'industrie semble peu compatible avec le salaire proposé (450.000 euros brut par an).
Le nom de David Azéma, ancien numéro deux du groupe, et aujourd'hui associé de la banque d'affaires Perella Weinberg Partners, revient avec insistance ces dernières semaines, notamment parce qu'il aurait le soutien de Guillaume Pepy. Les deux hommes sont, il est vrai, des proches de longue date et David Azéma a l'avantage de bien connaître la maison. « Avec lui, Pepy éviterait un droit d'inventaire trop douloureux », tacle une source. Une autre rappelle que la future gouvernance ne propose pas un, mais trois, voire quatre postes à remplir : « Il ne s'agit pas de nommer un PDG, mais une équipe. » Ce qui ouvrirait la porte à des profils en interne.
Un symbole de la transformation de la SNCF
Le patron sortant, de son côté, ne cache pas son agacement lorsqu'on évoque ces questions de casting devant lui, et renvoie ses interlocuteurs vers l'Etat-actionnaire. Outre la mise en musique de la réforme ferroviaire, il suit avec beaucoup d'attention le projet d'assistant personnel de mobilité , qui doit faire de l'application SNCF un « Couteau Suisse numérique », centralisant l'accès à différentes offres de mobilités (transport public, VTC, vélos...). Un beau symbole de la transformation de la SNCF. C'est sans doute pour cela que Guillaume Pepy insiste auprès des équipes pour que cet assistant, après plusieurs retards, puisse être lancé en juin, avant qu'il ne passe la main.
Source : Les Echos